Le sang jaillit en flammes, chaque bouche, chaque sexe, chaque blessure est un cratère, la jouissance et la douleur fusionnent, les corps ont des ossatures métalliques, noircies, qui se tordent dans l’incendie ; parfois le sang ne jaillit pas mais coule, il accompagne la sensualité d’un corps arcbouté dans l’agonie de sa jouissance. Catherine Ursin découpe ses corps dans un théâtre d’ombres comme celui de Bali, elle est un peintre marionnettiste qui agite en nous des figures infernales.
Noires et ocres, certaines de ses peintures sont privés de la vie rouge du sang et du feu, mais la mort n’y domine que dans l’apparence d’un crâne. Les corps génèrent des racines, la chevelure d’un corps enterré se dresse comme un arbre et cette fécondité luxuriante est bien celle de la vie. L’effacement du rouge me fait passer sur le versant du plaisir que j’avais dans mon enfance à découvrir les gravures sur bois qui illustraient les livres de la collection jaune ocre de chez Arthème Fayard. Alors la peinture de Catherine Ursin me fait asseoir et je l’écoute me raconter ses racines.
Patrick Cady