J’ai rencontré Emmanuelle Renard pour la première fois par ses « pérégrinations dans les citadelles » en 2011. L’une d’elle est une tête humaine porteuse de cornes de bouc et posée sur un damier. Son enjeu de peintre est là métisser l’inconciliable, l’animal et l’humain, un sol de cuisine et un plateau de jeu d’échec, l’errance et l’enfermement étant inscrits dans le titre. Emmanuelle Renard est une voyageuse dans l’espace de la toile. Son imagerie est contemporaine mais elle secrète elle-même ses propres pigments comme les maîtres anciens. Elle peint sur fond de terre, de pierre et de la nuit de la préhistoire de l’art. elle nomme Caravage, Rembrandt, Goya, ceux par qui la peinture recommence, elle porte la mémoire des humains qui créaient des pigments de lumière dans la nuit des cavernes.
Patrick Cady