Il est né dans l’ouest de la France il y a une quarantaine d’années, dans un port, on le suppose à sa gueule de bourlingueur. Quand, devenu adulte, il décide que la peinture sera pour toujours au cœur de sa vie, il comprend que ça ne passe pas pour lui par une école, même si elle s’appelle encore des Beaux-arts. Il va apprendre des grands maîtres en allant dans les musées scruter pendant des heures leurs chefs d’œuvre et en tentant de reproduire ensuite les manières qu’il devine. Il ne refuse pas d’être ainsi l’enfant naturel de Goya et de Soutine ; ça l’arrange même un peu quand il trouve Fredy Bouhier trop nul. Avec chaque toile se rejoue quelque chose des bagarres de rue qu’il a connu. Il lui arrive de la fracasser contre le mur, de la déchirer, de la piétiner. Ses coups de pinceau sont des coups et cette violence donne des tableaux qui nous mettent KO. Fils de.., peut-être mais Fredy Bouhier reproduit dans chaque toile une alliance du tragique et de l’énigme qui n’appartient qu’à lui, comme dans son obsession de la Piéta dont il échange les figures, un corps de femme venant à la place de celui du Christ, la présence des hommes autour de ce corps devenant étrange et inquiétante, même dans leur immobilité.
Patrick Cady