Elle a commencé par la broderie, on dit « art textile » maintenant. Je comprends qu’on souligne ainsi qu’il s’agit d’art tout autant que pour la peinture, mais dans le cas d’Hélène Duclos, on rate quelque chose en effaçant le mot « broderie », la suspension du geste de la brodeuse, sa concentration patiente, la mise en évidence d’une fragilité. Quand elle se met à peindre, elle n’abandonne rien de tout cela, bien au contraire, avec ses personnages dans l’indétermination de leurs cérémonies, l’inachèvement de leurs métissages avec le monde animal, créatures suspendues dans l’espace, privées de terre, racines à nu, privées d’eau et de ciel. Ses tableaux, même les plus grands, sont des mozaïques de miniatures, où la finesse et la précision des coups de pinceau rappellent celles de l’aiguille et du fil. Hélène Duclos poursuit parallèlement son art textile, peut-être pour ne pas perdre ce fil à travers ses voyages intérieurs et géographiques d’où elle revient broder ses toiles, hors du temps.
Patrick Cady