Il a fait toutes ses classes en art, fait ce que ses professeurs attendaient de lui, ça a mis en évidence que l’essentiel lui manquait. Ses valises étaient trop pleines, alors il est parti pour les vider un peu plus à chaque rencontre avec l’autre qui le rapprochait de lui-même. Il a vécu en Asie où règnent encore les dragons, au Japon la technique du raku l’attendait, fait pour lui dans son imprévisible. Il est passé par le Mexique où la mort sans tabou devient la vie de l’art. Il a retrouvé en Europe la mémoire de l’art médiéval avec ses gargouilles, ses diables aux crocs acérés, ses créatures hybrides animales et humaines, comme ces oiseaux à tête humaine perchés sur le chapiteau des colonnes sous les voûtes des cathédrales, ces mêmes métissages de l’humain et de l’animal qui sont au cœur de l’art inuit, juste au Nord de chez lui, la province de Saskatchewan. Quand les Blancs leur ont apporté la glaise et le four, les inuit ont produit des formes dont certaines ressemblent à celles pétries par Schawn Mackniak. Mackniak, c’est curieux, on dirait un nom inuit.
Son art reste celui d‘un nomade, celui d’un artiste qui nous montre qu’on ne finit jamais de faire le tour de ce matériau précieux qu’est la terre…
Patrick Cady