Sylviane Joubert est née à Mexico. Elle est arrivée à Montréal dans la jeune trentaine. Elle a peut-être hérité de l’habileté manuelle de ses ancêtres français, des bergers qui filaient et tissaient la laine. Elle est plus sûrement marquée par la porosité mexicaine entre l’art populaire et l’art savant. C’est en se mettant à faire des jouets en plâtre pour ses petits enfants qu’elle a eu envie de sculpter pour elle-même avec ce matériau. C’est d’abord le mur de Trump qui l’a inspirée. Elle a juché des migrants au sommet du mur d’où ils regardent les USA ; ils discutent entre eux en pointant du doigt des choses, un peu effarés et rien ne nous indique ce qu’ils vont décider. Ils restent suspendus, sur la frontière, comme le musée lui-même. D’autres personnages suivront, toujours recouverts de bandes de tissu plâtré, avec des corps d’enfants, mais des têtes, des mains et des pieds d’adulte. Les personnages d’adultes enfants de Sylviane Joubert nous renvoient en miroir nos étonnements et nos détresses et nous nous approchons irrésistiblement d’eux pour écouter ce qu’ils disent de nous.
Patrick Cady